Sur TikTok, Pinterest ou Instagram, les fiches de vocabulaire illustré continuent de pulluler. Jolies, colorées, bien mises en page… mais souvent dramatiquement vides de sens pédagogique. Saisons, jours de la semaine, mois, fruits, légumes, ustensiles de cuisine, animaux de la ferme : tout y passe. Et ça circule en boucle entre enseignants, comme s’il s’agissait de recettes miracles.
Des fiches jolies, oui — mais inutiles si elles n’aident pas à parler.
Mais faire apprendre une langue à coups de fiches lexicales statiques, même bien dessinées, n’a jamais fait parler personne.
Le problème est double : l’illusion d’apprendre… et l’absence d’usage
Ces fiches proposent des mots à mémoriser, mais souvent aucun contexte d’utilisation, aucune interaction, aucun ancrage affectif. L’apprenant retient (mal), récite (mal) et oublie (vite). Le mot « abricot » sans la saveur, la scène ou le désir n’est qu’une image morte.
Pire : en multipliant ces supports, on donne à croire que connaître des noms suffit pour parler une langue. Or, savoir dire « jeudi », « poire » ou « poêle » n’apprend ni à poser une question, ni à exprimer une opinion, ni à raconter une expérience.
Une alternative puissante : la fiche construite par l’apprenant
Plutôt que d’imposer des listes toutes faites, la vraie pédagogie active consiste à guider les apprenants dans la création de leurs propres fiches, à partir de ce qu’ils rencontrent, vivent, racontent.
Quelques exemples :
– Après avoir organisé un repas, chacun note les ustensiles qu’il a utilisés.
– Après une semaine d’activités, chacun crée son emploi du temps en français.
– Après une sortie au jardin botanique, les apprenants photographient et nomment ce qu’ils ont vu.
La fiche ainsi construite est contextualisée, vécue, investie émotionnellement. Elle est unique, motivante et souvent bien mieux mémorisée. Elle permet aussi à l’apprenant de s’approprier la langue, au lieu de la consommer passivement.
Ce n’est pas parce que c’est joli que c’est utile
Dans une époque où la pédagogie se met en scène sur les réseaux, il est tentant de confondre esthétique et efficacité. Or, l’apprentissage du FLE ne se mesure pas à la beauté des fiches mais à la capacité des apprenants à interagir, à comprendre, à produire du sens.
Post Scriptum
Évalue ta posture sur cette question
Réponds à ce petit QCM en toute honnêteté… puis compare tes réponses à la grille d’analyse.
1. Quand je prépare un cours de FLE, je commence par :
a) Trouver ou créer une fiche de vocabulaire sur le thème choisi
b) Réfléchir à une situation de communication authentique pour mobiliser la langue
c) Me demander quels mots les apprenants pourraient vouloir utiliser et pourquoi
2. Les fiches de vocabulaire que j’utilise sont :
a) Prêtes à l’emploi, souvent trouvées sur Pinterest ou TikTok
b) Créées à partir des productions ou besoins des apprenants
c) Fabriquées collectivement avec les apprenants après une activité
3. Mon objectif principal avec ces fiches est :
a) Que les apprenants mémorisent le plus de mots possible
b) Qu’ils s’expriment en réutilisant le vocabulaire dans un vrai échange
c) Qu’ils construisent des savoirs utiles à leur propre progression
4. En fin de séquence, je vérifie si :
a) Les mots ont été retenus
b) Les mots ont été utilisés avec pertinence
c) Les apprenants sont capables de transférer ces mots dans d’autres contextes
Tes résultats : quelle tendance domine ?
• Majorité de a)
Tu es dans une démarche classique, mais attention à l’effet « catalogue ». L’apparente simplicité des fiches peut freiner l’expression réelle.
• Majorité de b)
Tu es déjà dans une logique actionnelle. Continue à contextualiser et à favoriser l’usage concret !
• Majorité de c)
Tu es dans une approche réflexive et personnalisée. Tes apprenants apprennent avec la langue, pas seulement sur la langue.
En résumé
Les fiches de vocabulaire qui continuent de circuler massivement sur les réseaux sociaux séduisent par leur esthétique mais peinent à développer de réelles compétences en FLE. Déconnectées du contexte, elles favorisent le plus souvent une mémorisation passive et inefficace. Cet article dénonce cette illusion pédagogique et plaide pour une approche actionnelle où les apprenants créent eux-mêmes leurs fiches, à partir de leurs expériences et besoins langagiers. Un QCM final permet à chaque enseignant d’évaluer sa posture face à ces pratiques. — Résumé généré par l’IA.

Ici reposent les mots appris sans amour, jamais revus, jamais employés.
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