Quand on commence à enseigner, surtout sans formation pratique, on tâtonne. On a envie de bien faire, mais on n’a pas toujours les clés. Voici comment, un jour, un simple batteur de cuisine a changé ma manière de voir l’enseignement.
« Comment j’ai compris que l’enseignement, c’est aussi de l’impro ».
Le baptême du feu
Je sors de mes premières études, en philologie romane, espérant dans un premier temps enseigner le français langue maternelle. Pas de poste en vue. Et puis… une réponse. Un collège bruxellois, dans un quartier populaire. Je remplace une prof absente. Une classe bondée et difficile. Très difficile.
J’entre. On ne me voit pas. Je crie… "DICTÉE !"
Un miracle : le silence.
Mais un silence stérile. Ce jour-là, on n’a rien appris.
Et aujourd’hui encore, j’ai honte de ce que j’ai fait ce premier jour. Pas tant parce que j’ai crié, pas parce que j’ai improvisé – mais parce que j’ai rempli une heure de vide avec un geste d’autorité creux, sans rien transmettre, sans faire apprendre quoi que ce soit. Je n’étais pas prêt. Eux non plus. Et ce silence était un aveu d’échec partagé.
Le batteur
Le lendemain, au hasard d’un regard sur la table de la cuisine, je prends un objet : un batteur électrique. Je ne sais pas pourquoi. Mais je le mets dans mon sac. En classe, je le pose sur le bureau, bien en vue. Les élèves, interloqués, se taisent.
Première victoire : j’avais capté leur attention. J’existais enfin pour eux.
Je fais semblant de ne pas savoir comment ça marche. Ils crient, me corrigent, rient, s’énervent, expliquent. Et c’est là que j’ai vu la porte entrouverte. J’ai saisi l’occasion pour les faire parler autrement.
Je les mets au défi, un sourire en coin :
"Vous ne seriez même pas capables de rédiger un mode d’emploi !"
De la cuisine à la pédagogie
C’est parti. On structure, on explique, on choisit les bons mots. On découvre qu’on peut penser en parlant et que la langue sert à quelque chose [1].
Puis on parle d’eux. De leurs envies, de leurs peurs. Certains ne croient pas à leur avenir. D’autres en viennent à poser des questions sur les CV. On découvre qu’on peut écrire ce qu’on sait faire (danse, scoutisme, foot, musique, natation, acrobatie)… pas seulement ce qu’on a appris à l’école.
Avec mon aide, chacun s’est mis à rédiger un CV. Son CV !
Ce jour-là, on a fait bien plus qu’un cours.
On a allumé une étincelle.
Ce que j’en retiens
Je n’avais pas été formé à ça. J’étais seul.
Mais j’ai compris une chose essentielle :
« L’apprentissage, ça commence quand il se passe quelque chose de vrai. Quelque chose qui touche, qui mobilise, qui fait sens ».
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[1] Tout ceci s’est passé il y a trèèès longtemps. Avant la vidéo, avant internet, avant la téléphonie mobile, hi hihi !
En résumé
Lorsqu’on débute dans l’enseignement, on n’a pas toujours les bons outils – et parfois, on improvise. Dans ce témoignage à la fois sincère et inattendu, Olivier Delhaye raconte son tout premier cours de français dans une école technique bruxelloise, où rien ne s’est passé comme prévu. Entre une dictée stérile, une classe indomptable et un batteur électrique sorti de la cuisine, il découvre peu à peu que l’attention, l’improvisation et le lien humain sont les véritables clés de l’apprentissage. Une histoire vraie qui touche et qui inspire, particulièrement destinée aux jeunes enseignants de FLE en quête de sens et de confiance. — Résumé généré par l’IA.

Batteur électrique
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